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Guillotines (Andrew Lau, 2012)

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Andrew Lau, éternellement « réalisateur d’Infernal Affairs », n’aura pas longtemps fait illusion même si ce haut fait d’armes, probablement à mettre au crédit du co-réalisateur Alan Mak, continue de lui servir de carte de visite à l’international. Son dernier long métrage en date, sortant en France en vidéo deux ans après sa sortie asiatique, confirme qu’il est et restera un auteur surfant sur la hype mais sans grand talent.

Guillotines 1 Guillotines (Andrew Lau, 2012)Évidemment, le monde entier connait aujourd’hui Andrew Lau pour son remarquable Infernal Affairs (et sa magnifique suite, le troisième épisode témoignant malheureusement des velléités bassement mercantiles et peu respectueuses du public de l’ensemble du projet). Sauf que la véritable nature du bonhomme ne correspond pas tout à fait à ce polar. Andrew Lau est avant tout un directeur de la photographie de génie, responsable de l’image de films tels que City on Fire de Ringo Lam, Mister Dynamite de Jackie Chan, Il était une fois en Chine 3 de Tsui Hark et quelques Wong Kar Wai (As Tears Go By, Nos années sauvages, Chungking Express et Les Cendres du temps). Mais il est également réalisateur depuis le début des années 90, avec un cat III réputé mais pas génial (Raped by an Angel), une franchise à succès mettant en scène la jeune génération (Young and Dangerous), ainsi qu’une poignée de films usant et abusant d’effets numériques dans tous les sens allant du nanar insupportable (The Avenging Fist, adaptation non officielle du jeu vidéo Tekken) au sympathique n’importe quoi type manga-like (The Stormriders).

Guillotines 2 Guillotines (Andrew Lau, 2012)

Sans véritable patte de metteur en scène, il est surtout doué pour sentir ce qu’attend le public, de préférence du côté des adolescents. Beaucoup de style avec parfois du très mauvais goût, et pas grand chose derrière, voilà à peu près comment qualifier « l’œuvre » d’Andrew Lau. Avec Guillotines, c’est un peu différent. Film de commande initié par Peter Chan sur lequel il est arrivé après que ce soient désistés Dante Lam et Teddy Chen, Guillotines a d’abord été pensé comme un hommage à la guillotine, arme un peu particulière ayant eu droit à son moment de gloire dans les années 70. La Shaw Brothers a produit The Flying Guillotine de Ho Meng-Hua et sa suite quelques années plus tard, et le célèbre Jimmy Wang Yu avait écrit, réalisé et interprété One-armed Boxer vs. the Flying Guillotine entre les deux pour surfer sur cette vague. L’acteur, immortalisé par son rôle dans Un Seul bras les tua tous, fait d’ailleurs une apparition dans ce Guillotines, une façon de lui rendre un petit hommage car du côté du contenu du film, l’effort n’est pas évident. En effet, mis à part dans une séquence d’introduction plutôt spectaculaire, même si elle joue sur une profusion d’effets numériques pas très beaux et une utilisation très « gadget » du relief, les armes qui donnent leur titre au film en sont étrangement absentes. Cette scène introductive fait d’ailleurs un peu tâche dans l’ensemble, jouant exclusivement sur l’action quand le récit se montre franchement avare sur la question.

Guillotines 3 Guillotines (Andrew Lau, 2012)Fruit d’un développement compliqué dont les diverses réécritures se font terriblement sentir sur le rythme du récit, Guillotines n’a pas grand chose à proposer. Les quelques séquences d’action, certes spectaculaires, se montrent malheureusement assez peu inventives et souffrent d’effets de style de très mauvais goût qui donnent du grain à moudre aux détracteurs de la 3D. Andrew Lau a systématiquement recours à des ralentis globalement inutiles, présents « pour faire beau », et joue sur l’effet 3D avec quelques particules de matières qui se baladent au premier plan. Le projet d’Andrew Lau n’est pas vraiment de proposer une relecture du classique de la série B, ni de livrer une épopée guerrière épique et violente, malgré l’aspect gonzo de son ouverture généreuse en hémoglobine. Son ambition est de s’attarder sur des relations on ne peut plus basiques autour d’un trio de personnages.

Guillotines 5 Guillotines (Andrew Lau, 2012)

Guillotines est en fait une sorte de bromance qui cherche à se faire une place au milieu d’un récit historique, d’un drame humain avec le retour au premier plan d’amitiés enfantines, d’un récit messianique qui ne semble pas à sa place et d’un film politique à tendance rebelle du dimanche. En gros, Andrew Lau peine à donner une direction à son film et, plutôt que de composer un habile mélange des genres, livre un ensemble qui ressemble à une accumulation d’exercices inachevés. Assez ennuyeux, souvent très cheap, presque ridicule de par sa naïveté, Guillotines aurait sans doute gagné à ne pas se prendre autant au sérieux. Car le film ne manque pas de qualités. Andrew Lau sait tenir une caméra, et même si l’ensemble ressemble parfois à du sous-Tsui Hark, il y a une certaine identité picturale qui s’en dégage, jusque dans des choix d’éclairage audacieux dépassant allègrement les limites du mauvais goût. La bande son est assez géniale, Huang Xiao-Ming, Ethan Ruan et Shawn Yu livrent des prestations tout à fait recommandables et l’ensemble pourra séduire quiconque souhaite découvrir un cinéma un brin « exotique ». Mais Guillotines est avant tout un film raté, qui part dans toutes les directions sans en traiter une comme il le devrait, et extrêmement radin en action, d’autant plus que celle-ci est exécutée sans grande inspiration.

Guillotines est édité en DVD et blu-ray par M6 Vidéo.

Sortie le 18 juin 2014.

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